Interview with Hokyun Chun, President of the "Association Des Jeunes Actifs Coréens de France" (JACOF)
- Laura Demeulenaere
 - Sep 24
 - 10 min read
 

1. Vous avez commencé votre carrière en Corée, notamment chez Hyundai, avant de vous installer en France où vous occupez aujourd’hui des responsabilités dans l’industrie et présidez également JACOF. Pouvez-vous revenir sur les moments clés de ce parcours et ce qui vous a conduit à faire le lien entre la France et la Corée ?
Je suis né en Corée et j’y ai suivi toute ma scolarité jusqu’au lycée. C’est ensuite, par une opportunité inattendue, que j’ai intégré l’INSA de Lyon, marquant ainsi le début de mon lien avec la France. À l’époque, je ne parlais pas un mot de français et je suis arrivé avec cette excitation un peu naïve de “partir étudier à l’étranger”. Les débuts ont été difficiles, sur le plan linguistique comme académique, mais grâce au soutien de nombreuses personnes, j’ai pu non seulement achever mes études, mais également acquérir une expérience précieuse en France et dans d’autres pays européens.
Comme tout jeune homme coréen, je devais accomplir mon service militaire obligatoire, ce qui m’a conduit à rentrer en Corée en 2008. C’est à ce moment-là que j’ai commencé ma carrière comme ingénieur au sein de Hyundai Motor Company. Toutefois, il m’était difficile d’exploiter pleinement, dans ce contexte, les compétences linguistiques et culturelles que j’avais acquises en France. J’ai donc choisi, en parallèle, de m’investir personnellement dans des missions de traduction et d’interprétation liées à la France, en particulier lors d’événements internationaux tels que la Formule 1 ou encore Atout France, afin de continuer à bâtir des ponts entre la Corée et la France.
Avec le mariage et la naissance de mes enfants, les questions liées à leur éducation ont pris une place centrale, ce qui a conduit ma famille à s’installer de nouveau en France en 2023. Dans cette nouvelle étape, à la recherche d’opportunités professionnelles, j’ai découvert l’association JACOF, qui correspondait parfaitement à mes aspirations. J’y ai adhéré et, grâce aux recommandations de plusieurs membres, j’ai été amené à assumer la présidence de l’association à partir de 2025.
En résumé, je considère qu’il y a eu trois moments charnières dans mon parcours : mes études en France, mes expériences professionnelles au sein d’entreprises coréennes et européennes de dimension internationale, et enfin ma famille. Ces trois piliers ont façonné l’homme et le professionnel que je suis aujourd’hui.

2. Pourriez-vous présenter brièvement JACOF à ceux qui ne connaissent pas encore l’association ? Quelle est sa mission et quelles sont vos principales activités aujourd’hui ?
JACOF (Jeunes Actifs Coréens en France) est une association créée il y a maintenant 11 ans, dont la mission est de renforcer les liens entre jeunes professionnels coréens installés en France, principalement à Paris.
À travers des afterworks mensuels et divers événements conviviaux, nous réunissons des actifs issus de secteurs variés – ingénierie, design, droit, gastronomie, entrepreneuriat et bien d’autres – afin de partager nos expériences, élargir nos horizons et créer des synergies. Nous invitons régulièrement des experts, intervenants et mentors pour enrichir nos échanges, mais aussi organisons des activités culturelles et sociales qui renforcent notre communauté.
Au-delà du réseau professionnel, JACOF joue également un rôle important pour préserver notre culture coréenne à l’étranger et offrir un espace d’entraide. C’est un lieu où l’on peut retrouver un peu de chez soi, tisser des amitiés durables et construire ensemble un avenir professionnel et personnel plus riche.
3. En tant que Président de JACOF, quelle est votre vision pour le rôle que cette association peut jouer dans le développement de la communauté coréenne active en France ?
Comme je l’ai mentionné précédemment, JACOF est une association composée exclusivement de personnes déjà engagées dans la vie professionnelle. Cela signifie que nous réunissons naturellement des profils issus de secteurs très variés. Nos membres ont non seulement une connaissance approfondie des langues et des cultures coréenne et française, mais également une compréhension fine des spécificités propres à chaque pays dans leurs domaines respectifs.
Nous mettons à profit cet atout en organisant chaque année, en collaboration avec l’Ambassade, un programme de mentorat destiné à accompagner les jeunes étudiants coréens en France dans leurs choix d’orientation post-bac et leur insertion professionnelle. À l’avenir, nous souhaitons aller encore plus loin en valorisant notre expertise et notre réseau, afin de répondre aux besoins de l’Ambassade et de jouer un rôle de conseil dans le cadre de coopérations économiques et professionnelles entre la Corée et la France. Par ailleurs, dans la mesure du possible, nous aimerions également développer des échanges avec des réseaux professionnels français ainsi qu’avec d’autres organisations de communautés étrangères.
4. Quels sont, selon vous, les principaux défis que rencontrent aujourd’hui les jeunes talents coréens en France ?
Pour les personnes nées en France ou arrivées très jeunes, cette difficulté ne se pose sans doute pas de la même manière. En revanche, pour beaucoup d’autres, le parcours commence souvent par un séjour linguistique ou un cursus post-bac, qui conduit ensuite à une insertion professionnelle. Mais en raison de la spécificité d’un pays non anglophone comme la France, cette entrée sur le marché du travail se fait avec un certain sentiment d’instabilité propre aux étrangers. La priorité devient alors de “stabiliser sa situation après l’embauche” et de s’ancrer dans le pays.
Ce faisant, il arrive fréquemment que des aspects essentiels de la gestion de carrière — tels que le développement de compétences, l’évolution vers des postes de management ou les changements d’entreprise et de secteur — soient relégués au second plan. Pour pallier cela, nous cherchons à renforcer les opportunités de networking au sein de JACOF et, plus largement, à développer des échanges avec les réseaux professionnels français évoqués précédemment, afin de partager des informations et de trouver ensemble des solutions.
5. Quels secteurs vous paraissent aujourd’hui les plus porteurs pour renforcer la coopération France–Corée ?
Comparé à l’année 1999, lorsque j’ai découvert la France pour la première fois, je constate aujourd’hui que la coopération franco-coréenne est devenue beaucoup plus dynamique et qu’elle s’exprime dans de nombreux domaines.
En particulier, depuis que je travaille, depuis la fin de l’année dernière, au sein d’une PME coréenne, j’ai remarqué que si les grandes entreprises et les start-up bénéficient de nombreux soutiens de la part des pouvoirs publics et des institutions, les PME plus établies, dotées d’une certaine histoire, se retrouvent souvent à l’écart lorsqu’il s’agit d’explorer de nouveaux marchés ou de se développer à l’international.
C’est pourquoi, plutôt que de cibler un secteur précis, je pense qu’il est essentiel de comprendre les besoins concrets de ces PME quelque peu en marge du mainstream. Jouer un rôle d’intermédiaire pour relier ces besoins entre la Corée et la France représente, à mes yeux, un domaine porteur d’un potentiel immense, capable de donner naissance à de nouveaux buisines model.
6. Enfin, quels conseils donneriez-vous à de jeunes professionnels coréens ou français qui souhaitent s’impliquer davantage dans les relations bilatérales ?
Je pense que ce qui importe avant tout, c’est de garder un esprit ouvert et une véritable volonté d’apprendre. Les cultures et les environnements de nos deux pays présentent naturellement des différences, ce qui peut rendre les débuts parfois déroutants et difficiles. Mais en s’ouvrant aux autres et en abordant chaque rencontre avec la volonté d’apprendre, on élargit peu à peu son horizon et l’on découvre, au passage, de nouvelles opportunités.
Par ailleurs, pour les coréens pour qui le français est une langue étrangère, il arrive que l’on se sente moins à l’aise que d’autres sur le plan linguistique. Toutefois, je suis convaincu que chacun possède d’autres qualités qui peuvent devenir de véritables atouts. Adopter un état d’esprit positif, en croyant à ses propres forces, me paraît essentiel. Car au final, c’est cette attitude qui permet de trouver sa propre place et de jouer un rôle important dans les relations franco-coréennes.
Vous pouvez également suivre Hokyun Chun sur Linkedin.
English version
1.You started your career in South Korea, notably at Hyundai, before moving to France where you now hold responsibilities in the industry and lead JACOF. What have been the key moments of this journey and how did it lead you to connect France and Korea ?
I was born in South Korea and completed my schooling there up to high school. It was then, through an unexpected opportunity, that I entered INSA Lyon, marking the beginning of my connection with France. At that time, I did not speak a word of French and arrived with the somewhat naïve excitement of “going abroad to study.” The early days were challenging, both linguistically and academically, but thanks to the support of many people, I was able not only to complete my studies but also to gain valuable experience in France and in other European countries.
Like all young Korean men, I had to fulfill my mandatory military service, which brought me back to Korea in 2008. It was then that I began my career as an engineer at Hyundai Motor Company. However, in that context, it was difficult to fully make use of the linguistic and cultural skills I had acquired in France. I therefore chose, in parallel, to personally take part in translation and interpretation assignments related to France, particularly during international events such as Formula 1 or Atout France, in order to continue building bridges between Korea and France.
With marriage and the birth of my children, questions surrounding their education became central, which led my family to settle once again in France in 2023. In this new chapter, while seeking professional opportunities, I discovered the JACOF association, which matched my aspirations perfectly. I joined, and thanks to the recommendations of several members, I was entrusted with the presidency of the association as of 2025.
In short, I consider there to have been three pivotal moments in my journey: my studies in France, my professional experience within Korean and European companies of international scope, and finally my family. These three pillars have shaped the person and the professional I am today.
2.Could you briefly introduce JACOF to those who may not yet know the association ? What is its mission and what are your main activities today ?
JACOF (Jeunes Actifs Coréens en France) is an association founded 11 years ago, with the mission of strengthening ties among young Korean professionals living in France, mainly in Paris.
Through monthly afterwork events and a variety of gatherings, we bring together professionals from diverse fields — engineering, design, law, gastronomy, entrepreneurship, and many more — to share experiences, broaden horizons, and create synergies. We regularly invite experts, speakers, and mentors to enrich our discussions, while also organizing cultural and social activities that strengthen our community.
Beyond professional networking, JACOF also plays an important role in preserving Korean culture abroad and offering a space for mutual support. It is a place to find a sense of home, to build lasting friendships, and to create together a richer professional and personal future.
3.As President of JACOF, what is your vision for the role this association can play in the development of the active Korean community in France ?
As I mentioned earlier, JACOF is an association made up exclusively of people already engaged in professional life. This naturally brings together members with very diverse backgrounds. Our members not only have in-depth knowledge of both Korean and French languages and cultures, but also a nuanced understanding of the specificities of each country within their respective fields.
We make use of this strength by organizing, each year in collaboration with the Embassy, a mentorship program designed to support young Korean students in France in their post-secondary orientation and professional integration. Looking ahead, we aim to go further by leveraging our expertise and our network to respond to the Embassy’s needs and to play an advisory role in the context of economic and professional cooperation between Korea and France.
In addition, as much as possible, we would also like to develop exchanges with French professional networks as well as with other organizations representing foreign communities.
4.In your view, what are the main challenges faced today by young Korean talents in France ?
For those born in France or who arrived at a very young age, the challenge is undoubtedly different. But for many others, the journey often begins with a language program or post-secondary studies, eventually leading to professional integration. However, in a non-English-speaking country like France, entering the job market often comes with a particular sense of instability experienced by foreigners. The priority then becomes to “stabilize one’s situation after being hired” and to establish oneself in the country.
As a result, essential aspects of career management — such as skills development, moving into management positions, or changing companies and sectors — are often pushed into the background. To address this, we seek to strengthen networking opportunities within JACOF and, more broadly, to foster exchanges with the French professional networks mentioned earlier, in order to share knowledge and find solutions together.
5.Which sectors do you see today as the most promising for strenghtening France-Korea cooperation ?
Compared to 1999, when I first discovered France, I can see today that Franco-Korean cooperation has become much more dynamic and now extends across many fields.
In particular, since I began working at the end of last year within a Korean SME, I have noticed that while large companies and start-ups benefit from strong support from public authorities and institutions, more established SMEs, with a certain history, often find themselves left on the sidelines when it comes to exploring new markets or expanding internationally.
This is why, rather than focusing on one specific sector, I believe it is essential to understand the concrete needs of these SMEs that remain somewhat outside the mainstream. Playing an intermediary role to connect these needs between Korea and France represents, in my view, a highly promising area with the potential to give rise to new business models.
6.Finally, what advice would you give to young Korean or French professionnals who wish to become more involved in bilateral relations ?
I believe that above all, what matters is keeping an open mind and a genuine willingness to learn. The cultures and environments of our two countries naturally present differences, which can make the first steps sometimes confusing and challenging. But by opening up to others and approaching each encounter with the will to learn, one gradually broadens their horizons and discovers new opportunities along the way.
In addition, for Koreans for whom French is a foreign language, there are times when one may feel less confident than others on the linguistic side. However, I am convinced that everyone has other qualities that can become real strengths. Adopting a positive mindset and believing in one’s own abilities seems essential to me. Because ultimately, it is this attitude that allows you to find your place and play a meaningful role in Franco-Korean relations.
You can also follow Hokyun Chun on Linkedin.



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